Malam Bacai Sanha : «Des hommes politiques sont impliqués dans l’assassinat de Nino»

Jeune Afrique, 1 de Junio- Le président bissau-guinéen Malam Bacai Sanha revient sur les troubles dans son pays. Et affirme, pour la première fois, que des hommes politiques sont impliqués dans le double assassinat de l’ex-président Bernardo "Nino" Vieira et du chef d’état-major des armées, Tagmé Na Waié, en mars 2009. Interview.

Jeune Afrique : Que s’est-il passé le 1er avril quand le chef d’état-major de l’armée, José Zamora Induta, a été renversé par son adjoint, António Indjai ?

Malam Bacai Sanha : C’est un conflit personnel entre deux hommes qui a dégénéré. Induta est arrivé à son poste en mars 2009, juste après l’assassinat de l’ancien chef d’état-major Tagmé Na Waié, avec pour mission de réformer l’armée. Il n’avait jamais été chef d’unité, à la différence d’António Indjai, un vétéran de la guerre d’indépendance, très respecté par les soldats. Quand Indjai a appris qu’Induta préparait sa destitution, il a pris les devants.

Que va-t-il advenir des personnes arrêtées ?

Induta a été mis aux arrêts avec le chef du renseignement militaire, le colonel Samba Djaló. Il est accusé d’abus de pouvoir, de détournement de fonds, de trafic de drogue… Tous devront s’expliquer devant un tribunal militaire, y compris Indjai.

Où en est l’enquête sur les assassinats de l’ex-chef de l’État João Bernardo Vieira et du général Tagmé Na Waié ?

Elle avance lentement, car nous avons peu de moyens et nous n’en avons pas obtenu davantage de l’ONU, malgré nos sollicitations. Mais d’ici quelques semaines, la commission d’enquête présentera ses conclusions préliminaires. Tout ce que je peux dire, c’est que des personnalités politiques sont impliquées dans ces assassinats.

Quelles personnalités ?

Pour le moment, je ne peux pas en dire plus.

L’armée est une source d’instabilité en Guinée-Bissau. Peut-on la réformer ?

Oui, et c’est ce qu’elle souhaite ! Mais il faut des financements : on ne peut pas placer à la retraite des militaires, qui ont parfois trente ans de service, sans indemnités ni pension. Au total, cette réforme coûte plus de 50 millions d’euros, 100 millions si l’on inclut les services de sécurité.

Le 8 avril, les États-Unis ont gelé les avoirs du contre-amiral José Américo Bubo Na Tchuto, un proche d’Indjai, qu’ils soupçonnent d’être un narcotrafiquant. Que comptez-vous faire ?

Nous avons aussitôt demandé aux Américains de nous fournir des preuves, pour que nous puissions agir de notre côté. Pour l’instant, nous n’en avons reçu aucune.

L’État a-t-il les moyens de lutter contre le trafic de drogue ?

C’est une de nos priorités, au même titre que la réforme de l’armée, mais nous avons besoin d’aide supplémentaire.
 

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