Elliott Ohin : «En politique, il faut évoluer avec le temps et changer de stratégie»

Jeune Afrique, 27 de Julio.

Jeune Afrique : Quelles sont les véritables raisons qui ont poussé l’UFC à accepter de participer à un gouvernement au Togo ?

Elliott Ohin : Après la présidentielle du 4 mars qui s’est soldée par la victoire du parti adverse, Gilchrist Olympio, le président national de l’Union des forces de changement (UFC), a initié des réflexions sur la posture à adopter. Trois possibilités se sont dessinées : soit opter pour l’immobilisme et les choses se passeront comme avant, c’est-à-dire que le Rassemblement du peuple togolais (RPT) au pouvoir, conservera le monopole de la gestion de l’État. Soit nous entrons dans une lutte armée, ce qui aura un coût et des conséquences graves. En plus, nous sommes un parti politique pas un groupe armé. Ou enfin, nous acceptons la proposition qui nous a été faite d’entrer au gouvernement en se fixant pour objectif de tenter de changer les choses de l’intérieur. C’est ce que nous avons fait. Cela dit, nous restons un parti politique ayant pour finalité, la prise du pouvoir et la recherche du bien être du peuple.

Il n’empêche que cette décision a provoqué une scission au sein de votre parti…

C’est une décision qui a été mûrement réfléchie et qui n’est pas unilatérale. M. Gilchrist Olympio a consulté toutes les fédérations du parti, et une majorité écrasante de celles-ci l’a approuvée. Qu’une minorité manifeste son désaccord, c’est l’essence même de la démocratie que nous défendons. En politique, il faut évoluer avec le temps et changer de stratégie. C’est ce que nous avons fait. La victoire du parti adverse à la présidentielle a été reconnue pratiquement par tous les observateurs et par tous les pays frères… Il nous fallait donc prendre une décision pour faire avancer notre pays.

Avec le recul, vous dites-vous que c’est ce que vous auriez dû faire quelques années plus tôt ?

Je ne regarde pas dans le rétroviseur. Ce que nous avons fait dans le passé, nous devions le faire.

Faut-il parler aujourd’hui de gouvernement de « large union » ou de « partage de pouvoir » au Togo ?

Les deux. À partir du moment où nous sommes rentrés dans ce gouvernement avec nos conditions et que nous avons pu négocier et obtenu l’accès à tous les dossiers, il y a un partage. Peut-être pas dans des proportions égales, mais une chose est certaine, il y a une gestion commune du pays.

Comment vivez-vous votre nouveau rôle de chef de la diplomatie togolaise ?

Je me rends compte de la charge que cela implique. Mais je prends ce rôle comme une mission qu’il faut absolument réussir parce que les gens nous observent et attendent beaucoup de nous.

Une mission d’autant plus difficile à relever que vous êtes de l’UFC ?

Effectivement ! Les gens se disent que si nous nous sommes engagés, c’est certainement parce que nous avons quelque chose de nouveau à apporter. Nous n’avons pas droit à l’erreur… Mais je pense que nous serons à la hauteur. C’est très important pour nous-mêmes et pour le pays.

Que répondez-vous à ceux qui disent que le vrai ministre des Affaires étrangères, c’est Gilchrist Olympio ?

C’est la première fois que j’entends cela. Monsieur Gilchrist Olympio a beaucoup de hauteur, il ne se permettrait pas de dicter aux ministres issus de son parti ce qu’ils doivent faire. Nous avons une philosophie au sein de notre parti que tous connaissent et respectent.

 

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