Débat télévisé sur la RTI : Gbagbo imprévisible, Ouattara en embuscade

Jeune Afrique, 25 de Noviwembre- Dès que le débat télévisé de jeudi soir entre les deux finalistes de la présidentielle a été confirmé, Alassane Dramane Ouattara (ADO) a commencé à calmer le jeu. Objectif : ne pas passer pour un extrémiste. Ces derniers jours, le candidat du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, opposition) avait eu tendance à hausser le ton, de même que le candidat du Front populaire ivoirien, le président sortant Laurent Gbagbo. Les deux hommes s’étaient en effet mutuellement accusés d’avoir fomenté des coups d’État pour parvenir à la magistrature suprême.

Mercredi, ADO a donc profité d’une rencontre avec la chefferie traditionnelle à Soubré (sud-ouest), en pleine région cacaoyère, pour appeler à un scrutin apaisé. « Le RHDP veut des élections pacifiques, des élections pacifiées », a-t-il plaidé. Mais si l’ancien Premier ministre paraît se radoucir, il reste combattif. Il a par exemple interpellé ceux qui « sont en train de proférer des menaces et de créer la violence. (…) Pour l’amour de la Côte d’Ivoire, arrêtez ! Nous voulons vivre en paix dans notre pays ! » a-t-il lancé.
« J’accepte l’humiliation »

Surtout, il n’a pas hésité à prôner « la réconciliation et le pardon », en bon « fils » du « père de la nation », Félix Houphouët-Boigny, qu’il prétend être. Mais même en se montrant « rassembleur », ADO ne se prive pas de piquer son rival.

« Oui, vous avez déjà menti pendant des années aux Ivoiriens, lui lance-t-il. Mais nous vous pardonnons les mensonges. Vous avez humilié de nombreux Ivoiriens. Moi, j’accepte l’humiliation. Vous avez même eu à tuer des gens. Je ne reviens pas sur toutes ces périodes douloureuses. (…) Nous pardonnons tout ce qui a été fait ».

Chez Gbagbo, le style devrait être en revanche plus direct. « Je vais dire à Alassane : c’est toi qui a fait le coup d’État », a-t-il affirmé au cours d’un meeting, mercredi. La stratégie du président sortant est-elle de pousser ADO à la faute ? En tout cas, rien ne permet d’affirmer avec certitude que le leader du FPI ne se montrera pas, lui aussi, rassembleur, pacifique et conciliant pendant le débat, au moment opportun. Animal politique accompli, Laurent Gbagbo saura se servir de son instinct pour déjouer toutes les prédictions concernant son attitude sur le plateau de la RTI, à 21 h ce soir (GMT et locales). Pour mieux mettre en difficulté son adversaire, bien-sûr…

Lourde responsabilité

Quoi qu’il en soit, ce que se diront les deux fauves de la politique ivoirienne ce soir aura d’inévitables répercussions sur le déroulement du vote, dimanche. Ceux-ci portent une lourde responsabilité dans les éventuels dérapages qui surviendront. De nombreux observateurs s’inquiètent déjà des violences qui se sont produites depuis une semaine à Abidjan.

Par mesure de précaution – mais cela suffira-t-il ? – le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé mercredi de transférer du Libéria en Côte d’Ivoire trois bataillons d’infanterie (500 hommes) et une unité aérienne (composée de deux hélicoptères de transport militaire) pour participer à la sécurisation du scrutin. « La situation en Côte d’Ivoire continue de mettre en péril la paix et la sécurité internationales dans la région », souligne le Conseil dans une résolution adoptée à l’unanimité.

 

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