Mahamat-Saleh Haroun unanimement salué au Tchad après son prix à Cannes

Jeune Afrique, 24 de Mayo- Les radios et la télévision nationale tchadiennes ont ouvert leurs journaux avec la récompense attribuée au cinéaste et son film "Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse" alors que les journaux de presse écrite ont fait des petits encadrés mentionnant le prix et promettant d’y revenir longuement mardi.

"Bravo à Mahamat-Saleh qui vient de faire connaître au monde les réalités du Tchad à travers le cinéma. Cela prouve qu’avec peu de moyens les artistes tchadiens peuvent faire des grandes choses", souligne dans un entretien à l’AFP M. Nana, figure du milieu culturel tchadien.

Le film, qui évoque les guerres au Tchad à travers l’histoire d’un père et d’un fils, était le premier long métrage africain en compétition à Cannes depuis treize ans.

Emmanuel Nadingar, le premier ministre du Tchad, actuellement touché par la sécheresse et où près de 18 millions de personnes vivent en situation "d’insécurité alimentaire", a lui promis les honneurs au cinéaste au cours d’un meeting de sensibilisation au recensement électoral à Ati (500 km nord-ouest de N’Djamena): "Notre compatriote vient de lever haut le drapeau du Tchad. Il mérite ce prix, et il méritera tous les honneurs de la République. Mais en attendant, je lui adresse au nom de mon gouvernement et au nom du peuple tchadien toutes mes félicitations".

A Ati, les personnes croisées au meeting se félicitaient aussi du prix donné à Mahamat-Saleh Haroun. "C’est un encouragement pour le cinéma africain et pour celui du Tchad en particulier", estimait notamment Haroun Yacoub, douanier.

A N’Djamena, Abdoulaye Ngardiguinian, journaliste culturel au journal Le Progrès, soulignait: "C’est un sentiment d’orgueil et de fierté. (Mahamat-Saleh Haroun) vient d’un pays où le cinéma est presque inexistant: pas de production, pas de salle de spectacle. . . J’espère que ce prix sera le déclic de la renaissance du 7e art au Tchad".

Le pays, secoué par des guerres civiles depuis de longues années, ne compte aujourd’hui aucune salle de cinéma en dehors de la salle polyvalente du centre culturel français. Le principal cinéma de N’Djamena a été été partiellement détruit par les différents affrontements qui ont eu lieu dans la capitale depuis 1979. Rénové, il pourrait toutefois rouvrir dans les prochains mois.

Le prix du Jury est une "joie. C’est un honneur pour nous les cinéastes tchadiens, une fois encore honorés par Mahamat-Saleh Haroun", a affirmé le réalisateur Ismael Ben Cherif, auteur de films pour la télévision nationale.

Le prix "prouve que le cinéma tchadien bouge", assure-t-il, soutenant la politique du gouvernement "Le Ministère (de la Culture) est en train de mettre les moyens nécessaires à la disposition des artistes" en évoquant la création annoncé d’un fonds de financement des arts.

Mahamat-Saleh Haroun avait déclaré à l’AFP avant son prix: "Je me dis qu’il faut être un très grand rêveur pour continuer à faire du cinéma dans des Etats qui ne financent pas les productions locales et où les salles de cinéma ferment".
 

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