Jeune Afrique, 21 de Abril- Au cours de son séjour à Abidjan, du 13 au 15 avril, Sékouba Konaté, le président guinéen par intérim, s’est entretenu en tête-à-tête avec Laurent Gbagbo à deux reprises. D’abord, dans sa suite à l’hôtel Pullman. Ensuite, au palais présidentiel à l’occasion d’un déjeuner.
Le chef de l’État ivoirien, qui redoute que d’éventuelles infiltrations de rebelles guinéens ne perturbent le processus de sortie de crise dans son pays, a insisté sur la nécessité de sécuriser la frontière. Il a obtenu de son visiteur la promesse que les forces de sécurité guinéennes multiplieraient les ratissages dans cette zone.
Dadis derrière les troubles à Nzérékoré ?
En échange, Gbagbo s’est engagé à empêcher toute tentative de déstabilisation de la ville de Nzérékoré à partir du territoire ivoirien. « Mais il paraît qu’un de tes amis est derrière tout ce qui s’y passe », a-t-il lancé, non sans ironie. Réplique immédiate de son interlocuteur : « C’est la méthode Moussa Dadis Camara : il m’appelle tous les jours pour m’assurer de son soutien, alors qu’il finance des groupuscules pour défier l’autorité de l’État dans sa région natale. » Konaté est même convaincu que Dadis a téléguidé, à partir du Burkina où il réside depuis le mois de janvier, la mutinerie du 31 mars au camp militaire de Kaleya, à 110 km au sud de Conakry.
Avec Guillaume Soro, le Premier ministre et leader des Forces nouvelles (ex-rébellion), le numéro un guinéen s’est en revanche montré très ferme : « Je connais les rapports que Sidiki Konaté [le numéro deux des FN] et vous-même entreteniez avec Dadis. Je ne souhaite pour ma part m’ingérer d’aucune manière dans les affaires ivoiriennes. D’ailleurs, je n’ai pas le temps : je quitte le pouvoir dans moins de trois mois. »