Jeune Afrique, 23 de Abril- Les effets de la balade bucolique offerte par le président Gbagbo à son Premier ministre, Guillaume Soro, sur la lagune Ébrie, le 11 avril, n’auront pas duré plus de vingt-quatre heures. Elle devait pourtant sceller la réconciliation de deux hommes – dont on dit qu’ils vivent une crise grave – mais, dès le lendemain, Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI, camp présidentiel), a lancé un ultimatum au secrétaire général des Forces nouvelles (FN) : soit il arrive à faire désarmer les anciens rebelles dans les deux prochains mois, soit il « rend son tablier ». Dans l’ambiance délétère actuelle, les rumeurs vont bon train à Abidjan.
Qu’en est-il réellement ? « Les faucons du FPI craignent d’aller aux élections et de perdre tous leurs avantages, indique un baron de la formation. Le chef de l’État ne pourra les convaincre d’y aller que s’il a repris la main sur le processus électoral – piloté par l’opposition – et désarmé le Nord. » De son côté, Guillaume Soro est pris entre sa volonté d’aller rapidement au scrutin pour apparaître comme le sauveur de la nation, un bilan qu’il pourra faire fructifier dès les législatives, et son entourage, dont l’avenir est beaucoup plus incertain. Les « com’zone », chefs rebelles qui se partagent le Nord, vivent de trafics en tout genre qu’un désarmement effectif viendrait stopper net.
Enfin, l’opposition houphouétiste conteste mollement la tournure des événements. Nombre de ses cadres bénéficient des largesses du pouvoir en occupant des postes au gouvernement, à la Commission électorale indépendante et à la primature. À y regarder de plus près, les prolongations arrangent beaucoup de monde…