La réaction de Libreville n’a pas tardé. Après que André Mba Obame, le principal opposant gabonais, s’est autoproclamé président mardi sur sa chaîne TV+, le ministère l’Intérieur a décidé de dissoudre purement et simplement son parti, l’Union nationale (Un), avec effet immédiat.
Le ministre, Jean-François Ndongou, avait déjà évoqué cette éventualité dans un communiqué signé au nom du gouvernement. Mais selon un responsable du ministère anonyme cité par l’AFP, la dissolution a été décidée « avec effet immédiat ».
André Mba Obame et « équipe gouvernementale insurrectionnelle » sont accusés, par le ministère de l’Intérieur, d’avoir « violé gravement la Constitution », ce qui « constitue un crime de haute trahison puni par la loi ».
« De ce fait, ils encourent les sanctions et peines prévues par la loi », précise le ministre. Citant notamment « la traduction des intéressés devant les tribunaux compétents de la République », « la demande de levée de l’immunité parlementaire du député André Mba Obame auprès de l’Assemblée nationale » en plus de « la dissolution du parti Union nationale ».
Les révélations de "Françafrique"
S’inspirant notamment du cas ivoirien, l’opposant s’était fondé sur un extrait du documentaire Françafrique diffusé sur la chaîne française France 2 en décembre dernier, pour revendiquer sa victoire à l’élection présidentielle de 2009.
Selon les résultats officiels, il est arrivé en troisième position et Ali Bongo Ondimba a succédé à son père, Omar Bongo Ondimba, à la présidence. Dans le documentaire de France 2, Michel de Bonnecorse, ex-conseiller Afrique du président français Jacques Chirac affirmait que les résultats d’Ali Bongo Ondimba et André Mba Obame avaient été inversés.
Il s’était ensuite rétracté évoquant le « montage » de ses propos et affirmant : « Je disais que la dernière rumeur du jour […] c’était que c’était inversé [le résultat]. En aucune façon, je n’ai endossé cette affaire, mais j’ai sans doute été maladroit. »
Mais l’Union nationale, le parti fondé par André Mba Obame avec par trois partis et six candidats battus lors de la présidentielle dont Jean Eyéghé Ndong (ex-Premier ministre), Casimir Oyé Mba (ex-Premier ministre et ex-ministre des Mines), Jean Ntoutoume Ngoua, Bruno Ben Moubamba et Zacharie Myboto, avait immédiatement appelé Ali Bongo Ondimba à la démission.
André Mba Obame est donc allé plus loin mardi soir, prêtant serment sur la Constitution gabonaise à la télévision et formant même un gouvernement.
« Nous ne sommes pas plus lâches que les Ivoiriens. Nous ne sommes pas plus lâches que les Tunisiens. Alors, l’Histoire est en marche, on y va ! », avait-il lancé.
Mercredi, il a remis une couche dans un entretien à l’AFP, estimant qu’Ali Bongo allait « partir comme Ben Ali » de Tunisie et que « la révolution gabonaise [était] en marche ».