Jeune Afrique, 21 de Enero- Un imam radical jamaïcain, Abdullah al-Faisal, que les autorités kényanes ont échoué par deux fois à expulser, a finalement été renvoyé vers son pays, a annoncé jeudi un responsable de la justice kényane.
"L’intéressé n’est plus dans notre juridiction, sa destination est la Jamaïque", a annoncé le procureur Edwin Okello, au cours d’une audience d’un tribunal de Nairobi où Abdullah al-Faisal devait comparaître.
M. Okello n’a donné aucun détail sur les modalités de cette expulsion.
Al-Faisal, imam proche de la nébuleuse jihadiste, avait été arrêté le 31 décembre dans la ville côtière kenyane de Mombasa (sud-est).
Depuis lors, les autorités kenyanes avaient tenté à deux reprises, en vain, de l’expulser au motif qu’il avait violé la législation sur l’immigration en conduisant une prière publique.
Le Kenya s’était heurté au refus de la Tanzanie puis du Nigeria d’accueillir le prédicateur en transit sur leur sol.
Abdullah al-Faisal avait purgé quatre ans de prison au Royaume Uni pour incitation à la haine raciale après y avoir appelé dans ses prêches en 2003 à tuer des juifs, des hindous et des 0ccidentaux.
Son sort a alimenté la polémique et exacerbé les tensions intercommunautaires au Kenya, après qu’une manifestation de soutien, organisée par la frange radicale de la communauté musulmane et interdite par les autorités, eut dégénéré le 15 janvier à Nairobi.
Cinq personnes avaient été tuées dans des affrontements en plein centre-ville entre des dizaines de manifestants –en majorité d’origine somalienne- et la police, qui avait ouvert le feu. Des badauds avaient pris part à ces violences aux côtés des policiers, incapables de maîtriser la situation.
Le gouvernement kényan a ensuite accusé les insurgés islamistes somaliens, les shebab, d’avoir fomenté ces violences et a mené en début de semaine une vaste opération policière à Eastleigh, le quartier somalien de la capitale.
Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées (dont une dizaine de députés somaliens), la plupart accusées de séjour illégal sur le territoire kényan.
Ce coup de filet, mené également dans plusieurs autres villes du pays, a suscité des protestations au sein de la communauté somalienne.
Dans une chanson mise en ligne sur internet, des shebab ont menacé en réaction de "marcher sur Nairobi" pour y planter le drapeau de l’islam, dénonçant "la déportation d’un religieux de renom qui a provoqué la colère des moujahidines en Somalie".