Goodluck Jonathan passe à la vitesse supérieure. Et avec lui, toute la Cedeao. Alors que le président ivoirien élu, et reconnu par la communauté internationale, a demandé l’arrêt des exportations de café et de cacao en Côte d’ivoire (la dernière ressource économique du régime de Laurent Gbagbo), le Nigeria demande officiellement au Conseil de sécurité de l’ONU de voter une résolution autorisant l’usage de la force pour déloger le président ivoirien sortant.
C’est l’objet d’une lettre ouverte du ministre nigérian des Affaires étrangères Odein Ajumogobia publiée ce lundi dans plusieurs journaux. « La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest [Cedeao, présidée par le Nigeria, NDLR] réclame sans équivoque un soutien international via une résolution spécifique du Conseil de sécurité des Nations unies pour valider l’usage de la forcee, mais en dernier recours », écrit M. Ajumogbia.
« Il faut que Gbagbo comprenne qu’il y a une perspective très réelle qu’une force militaire massive lui tombe dessus et sur ses cohortes. […] C’est seulement à ce moment qu’il prendra sérieusement en considération les exigences de son départ », ajoute Ajumogbia. D’après lui, « l’utilisation de la force légitime » pourrait également inclure un blocus maritime pour imposer des sanctions. À condition, indique-t-il, que l’ONU justifie l’intervention. « Le recours de la force par la Cedeao en Côte d’Ivoire doit se faire sous l’égide des Nations unies et sans une résolution du Conseil de sécurite de l’ONU, un recours à la force de la Cedeao ne serait pas légitime », a-t-il précisé.
Selon Ajumogobia, la crise postélectorale ivoirienne peut déboucher « sur une véritable guerre civile » et elle « a été précipitée par le seul Laurent Gbagbo ». Si l’ONU, malgré les divisions en son sein sur un éventuel recours à la force, parvenait à voter la résolution que demande la Cedeao, ce serait un coup extrêmement dur porté contre le régime du président sortant. Lequel a enregistré ces derniers temps de nombreux échecs diplomatiques.