Laurent Gbagbo a appelé à la fin des violences, mais à Yopougon, ses militants se battent encore. Qui sont-ils, pourquoi ne déposent-ils pas les armes, combien de temps peuvent-ils encore tenir ?
Malgré la fin de la bataille d’Abidjan le 11 avril, les armes de tous gabarits continuent de tonner dans la capitale économique de Côte d’Ivoire. Alors que la vie a repris son cours normal dans le reste de la ville, Yopougon (ouest), le dernier bastion des forces pro-Gbagbo est toujours sous le feu.
« Tous ceux qui déposeront les armes seront bien traités. Il n’y aura pas de représailles, mais ceux qui continuent de résister, seront matés », a prévenu le 29 avril, le commandant Issiaka Ouattara alias Wattao, actuellement l’un des hommes forts d’Abidjan. Lundi et mardi, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) pro-Ouattara ont donc lancé une grande offensive dans la commune de Yopougon pour une opération de pacification d’envergure.
"Se prendre une balle perdue"
Plusieurs centaines d’éléments étaient engagés dans des combats d’une rare violence. La panique a même gagné le quartier du Plateau, situé juste de l’autre côté de la lagune, où les administrations ont dû fermer plus tôt que d’habitude. « Il est difficile de travailler dans la plus grande sérénité, quand le bruit des armes lourdes parviennent jusqu’aux fenêtres de nos bureaux. Personne n’a envie de se prendre une balle perdue. On préfère rentrer chez nous », a confié à jeuneafrique.com un haut cadre du ministère de la Justice.
Au nombre de plus d’un millier, les forces fidèles à l’ex-président sont composées de miliciens, de mercenaires libériens et d’ex-membres des Forces de défense et de sécurité (FDS). Dans les zones qu’ils contrôlent, les pro-Gbagbo tentent de s’organiser comme une vraie armée. Des ex-officiers qui refusent de prêter allégeance au nouveau pouvoir coordonnent la résistance. Ils disposent d’armes de guerre allant de la kalachnikov au lance-roquettes RPG7, en passant par les obus de mortiers et les automitrailleuses. Les combattants disposeraient même de deux chars.
"Yopougon, symbole du patriotisme"
« Yopougon est le symbole du patriotisme pour nous. Nous vendrons cher notre peau et notre commune. Les FRCI sont des envahisseurs, soutenues par des forces étrangères que nous allons combattre jusqu’à la dernière goutte de notre sueur », a expliqué à jeuneafrique.com un commandant des forces pro-Gbagbo qui a préféré garder l’anonymat.
Mardi, les FRCI ont réussi une belle progression : les sous-quartiers de Niangon, Maroc, PK 17 route de Dabou et Sicogi étaient notamment tombés. Les poches de résistance se concentraient dans les zones de Koweit, Jo’Burg et Toits rouges. Pratiquant la stratégie de l’encerclement, les FRCI n’ont pas hésité à lancer des troupes au sol à l’intérieur de Yopougon. Une partie des forces pro-Gbagbo s’est alors retranchée à la base navale de Locodjro, juste en face du Plateau.
Les hommes du président Ouattara tenaient aussi une position sur le pont Houphouët-Boigny, d’où ils enchaînaient des tirs à l’arme lourde pour pilonner la base, donnant à ce lieu des allures de citadelle imprenable. En attendant la fin des combats, inéluctable mais à une échéance incertaine, la population de Yopougon déserte la commune pour se mettre en sécurité dans les autres quartiers d’Abidjan.
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