Au Congo, les difficiles conditions de vie des réfugiés de Bétou

Jeune Afrique, 3 de Marzo- Debout au milieu de la cour de l’école Moundzombo de Bétou (nord du Congo) transformée en site de réfugiés, Aimé Ngbatambala semble monologuer en regardant des enfants. Certains, presque nus, jouent à cache-cache, d’autres pleurent.

"Les enfants qui jouent viennent de prendre un léger repas. Ceux qui pleurent n’ont rien pris depuis ce matin", explique à l’AFP M. Ngbatambala, 50 ans, pendant que des femmes tirent de l’eau d’un puits un peu plus loin.

"Ici, c’est un seul repas par jour", des feuilles de manioc ou de la patate, dit-il. "Il est difficile de créer les conditions, même minimales, pour manger, se soigner et dormir".

Actuellement, 548 personnes dorment dans les huit salles de classe de l’école Moundzombo, à plus de mille kilomètres de Brazzaville.

Bétou et ses villages riverains, dans la Likouala (nord), abritent plus de réfugiés venus de la République démocratique du Congo (RDC) que les autres zones d’accueil de la région.

On y compte 55. 000 des 115. 000 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ayant fui des affrontements interethniques dans leur province de l’Equateur et gagné la rive droite de l’Oubangui depuis fin octobre.

Les réfugiés dépassent déjà en nombre la population la population locale estimée à 46. 000 personnes par les autorités locales. Une situation à l’origine de plusieurs difficultés soulignées par divers intervenants lors d’une visite organisée dans la région par le HCR, qui coordonne l’activité des humanitaire.

"Ici, on a l’impression que les uns dorment sur les autres, que l’intimité n’existe plus", affirme Moujinga Kabeya, responsable du site de réfugiés installé dans l’ancienne Fabrique des allumettes du Congo (Congo).

Les deux bâtiments de l’ex-usine, qui ont perdu la plus grande partie de leur toiture, accueillent plus 1. 000 infortunés vivant dans la promiscuité.

Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) aménage actuellement un camp de 15 hectares pour loger au moins 70 familles.

"Ce sont les plus vulnérables qui vont habiter le camp que nous érigeons. Aux autres, nous donnerons des bâches et des planches pour construire des abris", précise Monica Noro, coordonnatrice du bureau du HCR à Bétou.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) est passé une seule fois, en décembre, distribuer des vivres dans toute la zone, d’après des réfugiés et des humanitaires.

"Il nous a été apporté des petits pois, un peu de sel et de riz. Depuis, les stocks se sont épuisés. Les feuilles de manioc sont devenues notre repas quotidien", affirme Jonas Babomba Mango, un responsable des réfugiés d’Ikpengbélé, village en amont de Bétou. "Si on peut nous apporter de petites semences, je pense que nous vivrons mieux".

Philippe Pebila, infirmier de l’ONG Médecins d’Afrique (MDA), intervient à Gnamoba, également en amont de Bétou. "Nous soignons encore des cas de malnutrition modérée. Les plus aiguës sont orientés vers Bétou, explique-t-il.

Dans le district de Liranga, plus de 11. 000 réfugiés n’ont jamais reçu une assistance en vivres, d’après Daniel Roger Tam, chef du bureau du HCR à Impfondo, capitale de la Likouala.

"Il y a eu trop de missions d’évaluation et pas assez d’assistance", dénonce le sous-préfet de Bétou, le colonel Jean-Dominique Engamba.

Les humanitaires soutiennent que 52. 000 des réfugiés ont bénéficié d’une aide en vivres depuis leur arrivée dans cette région où ils sont répartis sur 92 sites. 35. 000 autres personnes ont reçu une assistance autre (marmites, couvertures, savons. . . ).
 

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