Jeune Afrique, 20 de Enero- Trois ans. Il a fallu attendre trois ans pour que se tienne un rendez-vous prévu… en janvier 2007. La rencontre entre le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, et le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, s’est finalement tenue le 7 janvier dans la capitale espagnole. La chaleur qui a caractérisé la rencontre entre les deux hommes et l’échange de propos élogieux lors de la conférence de presse des deux chefs de la diplomatie à l’issue d’une journée marathon ont réussi à faire oublier que la haute commission mixte entre les deux pays était au point mort. En cause : un litige commercial entre Sonatrach et ses partenaires espagnols, Repsol YPF et Gas Natural, à propos de l’exploitation de l’immense gisement gazier de Gassi Touil et de sérieuses nuances entre Alger et Madrid concernant la question du Sahara occidental.
La question du Sahara
S’agissant du premier dossier, un arbitrage international a tranché en faveur de Sonatrach, en décembre 2009. Exit, donc, le contentieux économique. Restait l’affaire du Sahara. Alger et Madrid semblent privilégier le pragmatisme et le sens du compromis. À moins de six mois de l’inauguration de Medgaz, le gazoduc transméditerranéen devant fournir chaque année 8 milliards de mètres cubes de gaz à l’Espagne, il était urgent de trouver un terrain d’entente. La rédaction du communiqué sanctionnant la réunion des deux délégations est un modèle du genre : « Les deux pays sont favorables à une solution juste, durable et acceptable pour les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, et ce dans le cadre des résolutions des Nations unies. »
Une formule qu’applaudiraient en chœur le Palais royal de Rabat et les indépendantistes du Polisario. Mais les bisbilles de Sonatrach avec Repsol et l’alignement de Madrid sur le projet marocain d’autonomie au Sahara n’ont eu que peu d’impact sur les relations économiques entre les deux pays. Leurs échanges commerciaux ont doublé ces trois dernières années et les groupes espagnols ont réussi à arracher de nombreux marchés dans le cadre du programme d’investissements publics lancé par le président Bouteflika. La réunion de Madrid est à cet égard de bon augure.