L’Afrique du Sud a tenu compte de son intérêt national et de ses relations commerciales avec la Chine lors de la demande de visa du dalaï-lama, qui n’a finalement pas pu venir en octobre, selon un document du ministère de l’Intérieur, cité mercredi dans la presse.
"En conseillant la ministre concernant la demande de visa du dalaï-lama, je me suis référé à nos échanges commerciaux avec la Chine. La ministre (Nkosazana Dlamini Zuma) a également pris en compte le fait que le vice-président (Kgalema Motlanthe) venait tout juste d’effectuer une visite réussie en Chine", écrit le directeur des Affaires générales du ministère, Mkuseli Apleni, dans un mémoire cité par le quotidien The Times.
Interrogé par l’AFP, le ministère s’est abstenu de tout commentaire, précisant qu’il s’agissait de documents de justice.
Un tribunal du Cap a été saisi par deux petits partis d’opposition après la polémique suscitée par l’impossibilité pour le leader spirituel tibétain de se rendre en Afrique du Sud.
Le ministère de l’Intérieur explique avoir dû prendre en compte plusieurs facteurs pour l’examen du visa "d’une personne de l’envergure de celle du dalaï-lama".
Le mémoire indique notamment que la Chine a usé de son influence pour faire admettre l’Afrique du Sud, fin 2010, dans le bloc diplomatique des BRICS, formé avec le Brésil, l’Inde et la Russie et que les échanges commerciaux entre les deux pays sont passés de 5,2 milliards de rands en 1998 à 142 milliards en 2010 (485 millions à 13 milliards d’euros).
Le texte évoque aussi les "revers" subis par la France et l’Australie après qu’elles aient accepté une visite du dalaï-lama, "des éléments de leçon pour le gouvernement" et preuve du "caractère sensible" du dossier.
Le haut fonctionnaire affirme cependant n’avoir pas agi "sous la dictée" chinoise et que le dalaï-lama a retiré sa demande avant que la ministre rende sa décision.
Le prix Nobel de la paix 1989 est considéré par Pékin comme le leader de la résistance tibétaine à la Chine et un dangereux séparatiste.
Il aurait dû être présent à l’Université du Cap oriental pour les 80 ans d’un autre Nobel, l’archevêque sud-africain Desmond Tutu, le 8 octobre, mais n’a pas pu venir, faute de visa délivré par les autorités sud-africaines.
Le gouvernement du président Jacob Zuma est accusé d’avoir cédé aux pressions de la Chine, partenaire diplomatique et économique important.
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