Les Sud-Africains sont appelés à participer à un "mardi noir" pour protester contre l’adoption d’une nouvelle loi sur l’information classant secrets des documents d’Etat et menaçant d’envoyer en prison les journalistes qui les révèleraient.
Des manifestations ont été annoncées à Pretoria, Johannesburg, Soweto et au Cap, où le Parlement devait voter le texte dans l’après-midi.
Le club de la presse nationale, le Forum national des éditeurs de presse sud-africains (Sanef), de nombreux médias et des associations de défense des droits de l’Homme et de la liberté d’expression ont appelé à un "mardi noir", en référence aux "mercredi noir" d’octobre 1977, jour où plusieurs publications avaient été bannies par le régime de l’apartheid.
"Le seul résultat de cette comparaison malheureuse et la campagne prévue, dans laquelle les gens sont invités à s’habiller en noir, sera de diluer la véritable histoire du mercredi noir et d’insulter les victimes des lois barbares de l’apartheid", a réagi dans un communiqué Mathole Motshekga, responsable du groupe du Congrès national africain (ANC) –au pouvoir– au Parlement.
La loi dite de "Protection des Informations d’Etat" est en projet depuis 2008. Elle est susceptible, même si le gouvernement et l’ANC s’en défendent, de décourager la divulgation de données sensibles en classant secrètes de nombreuses informations d’Etat.
Le gouvernement affirme que la loi est destinée à dépoussiérer un texte de 1982 et contrer la menace d’espionnage.
Mais bien qu’il en ait limité la portée, le monde de la presse, soutenu notamment par le prix Nobel de littérature Nadine Gordimer et le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, estime que la liberté de la presse est menacée.
"La protection des informations d’Etat n’est pas seulement imparfaite, elle est insultante pour tous les Sud-Africains qui devront digérer une loi qui pourrait être utilisée pour interdire la dénonciation et le journalisme d’investigation, qui ne contient aucune clause de défense des intérêts publics, et qui rend l’Etat uniquement responsable devant l’Etat", a lancé Mgr Tutu.
Alors que la presse était unanime mardi pour condamner le projet de loi et appeler le gouvernement à le retirer, le quotidien The Times rappelait que le premier président noir du pays, Nelson Mandela, avait promis en 1997 que la liberté de la presse ne serait pas menacée "tant que l’ANC (serait) le parti majoritaire" en Afrique du Sud.
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