La Haute instance indépendante chargée d’organiser les élections de l’Assemblée constituante tunisienne s’est prononcée pour un report du scrutin, initialement prévu pour le 24 juillet, pour des raisons logistiques. Un temps opposé à cette idée, le Premier ministre Béji Caïd Essebsi semble s’être résigné.
Les rumeurs dont bruissait Tunis depuis plusieurs jours se confirment : l’élection de l’Assemblée constituante ne devrait pas se tenir le 24 juillet comme prévu.
Le président de la Haute instance indépendante chargée de préparer et superviser le scrutin, Kamel Jendoubi, a proposé un report au 16 octobre, lors d’une conférence de presse inopinée à Tunis dimanche.
"Raisons techniques"
« Pour des raisons techniques et logistiques, nous n’avons pas assez de temps pour tenir les élections du 24 juillet », a confirmé le président de la Commission de réforme politique, Yadh Ben Achour. « Il y a 7 millions d’électeurs à enregistrer, il y a des problèmes d’organisation, de formation des agents inscripteurs… »
La décision finale revient maintenant au Premier ministre de la transition, Béji Caïd Essebsi. En dépit de son opposition à tout report, il est peu probable qu’il aille à l’encontre des instances chargées d’organiser le scrutin. « Actuellement, les élections ne dépendent plus du gouvernement puisqu’il y a une commission spéciale qui a été créée et va s’occuper des élections », avait-il déclaré à Paris mercredi dernier.
Décision attendue mardi
« Cette proposition sera étudiée mardi en Conseil des ministres », a déclaré le porte-parole du gouvernement Taïeb Baccouche. Les décrets portant sur la convocation des électeurs et la date du scrutin devraient être publiés dans la foulée.
Les partis politiques tunisiens sont divisés sur l’opportunité de ce report. Dimanche, un des dirigeants du Parti démocratique progressiste (PDP), Mouldi Fahem s’est dit « surpris » et « inquiet » dimanche de la proposition d’un report. Le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) s’est en revanche prononcé pour celui-ci.
« Il nous faut encore du temps pour informer et former les gens, faire évoluer nos médias et trouver une solution à la police politique qui est encore là, a souligné son porte-parole, Hamma Hammami. L’essentiel maintenant est de décider ce qu’on va faire d’ici le mois d’octobre, d’où l’importance des consultations entre toutes les forces politiques, afin que les élections soient réellement l’expression de la volonté populaire et réalisent les objectifs de la révolution. »