Sahara: la militante Aminatou Haidar dénonce la répression de deux manifestations

Jeune Afrique, 10 de Marzo- "C’est la réponse marocaine au président de l’Union européenne" Herman Van Rompuy, qui avait pressé dimanche le Maroc d’accomplir "davantage de progrès dans le respect (. . . ) des droits de l’Homme", lors du premier sommet UE/Maroc à Grenade (sud de l’Espagne), estime la militante dans un communiqué.

Mme Haidar, se trouve actuellement en Espagne et assure avoir été informée de la situation au téléphone par des proches.

"La police et les services secrets marocains ont réprimé hier (mardi) violemment une manifestation organisée dans le quartier de Maatala, au coeur de Laâyoune (principale ville du Sahara occidental, ndlr) pour accueillir 12 activistes qui rentraient des camps de réfugiés sahraouis de Tindouf" dans le sud algérien, selon ce communiqué.

Parmi les "nombreuses personnes" agressées, dont "plusieurs femmes", figure Sabbar Brahim, secrétaire général de l’Association des victimes de violations graves des droits de l’Homme par le gouvernement du Maroc et Ennaama Asgari, vice-président du Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental (Corelso), est-il précisé.

Le premier a été "matraqué" et souffre d’"une blessure ouverte à la tête et de lésions graves au reins", le second "a reçu des coups sur tout le corps qui ont laissé des marques visibles sur sa peau", ajoute le communiqué.

Selon Aminatou Haidar, la police a bloqué l’accès à l’hôpital où les blessés voulaient se faire soigner.

La militante assure que des faits similaires se sont produits lundi soir dans la ville sahraoui de Fajla, où la police aurait réprimé une "manifestation pacifique".

Rabat estime que le Sahara occidental, ex-colonie espagnole annexée en 1975, fait partie intégrante du royaume et propose une large autonomie sous sa souveraineté pour ce territoire.

Le Front Polisario, soutenu en particulier par l’Algérie, réclame un référendum d’autodétermination incluant l’option de l’indépendance.

"Ceci est le premier fruit du sommet de Grenade, le premier fruit du statut avancé" accordé en 2008 par l’UE au Maroc, a ironisé Aminatou Haidar, qui avait participé dimanche à une manifestation à Grenade en marge du sommet UE-Maroc.

La militante sahraouie avait alors jugé "insuffisant" le rappel aux droits de l’homme exprimé par M. Van Rompuy, estimant qu’"il faut des actions concrètes pour faire pression sur le Maroc".

M. Van Rompuy avait déclaré avoir adressé au Maroc un "message clair et sans équivoque" sur le respect des droits de l’homme et de "ses défenseurs".

Mme Haidar a observé une grève de la faim de 32 jours à grand retentissement international, fin 2009 à Lanzarote aux Canaries (Espagne), pour protester contre son expulsion par les autorités marocaines.

Elle avait finalement été autorisée à rentrer à Laâyoune, grâce selon elle à l’"action cruciale des Etats-Unis et de la France".
 

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