Jeune Afrique, 10 de Marzo- Contrairement à ce qui s’est passé lors du coup d’État d’avril 1999 qui avait renversé le régime du général Ibrahim Baré Maïnassara, les putschistes du 18 février n’ont à aucun moment envisagé l’élimination physique de Mamadou Tandja. Mais le succès de leur entreprise dépendait de sa neutralisation. C’est pourquoi leur premier objectif était de l’avoir sous la main. Dès que les premiers éléments mutins ont pénétré dans la grande salle du palais présidentiel, où se tenait le Conseil des ministres, le chef de l’État a été arrêté puis évacué dans un véhicule blindé vers le Camp de la compagnie d’appui (CCA), unité dirigée par le nouvel homme fort du pays, le commandant Salou Djibo. Tandja y passera les cinq premiers jours de sa détention.
Durant cette période, les rumeurs les plus folles ont circulé sur son sort. Le 24 février au petit matin, le président déchu est transféré à la Villa verte – haut lieu du pouvoir durant les années Kountché –, située à moins de 100 m du palais présidentiel. Cette luxueuse demeure sert également de bureau à Salou Djibo. C’est ici qu’il accorde ses audiences, reçoit les émissaires étrangers et les opportunistes de tout acabit : tazartchiste hier, pourfendeur de Tandja aujourd’hui…
Comment se passe la détention de Tandja ? « Dans de bonnes conditions, affirme le professeur Ibrahima Touré, son médecin personnel. Il est traité avec déférence. Ce sont ses femmes qui lui font la cuisine, et, pour des questions de sécurité, il n’a pas encore reçu de visite. En revanche, les émissaires de la Croix-Rouge ont pu le voir sans la présence de ses geôliers. Ils pourraient vous confirmer mes propos. » Nullement abattu, le président Tandja n’exprime « ni amertume ni regrets, c’est un militaire, vous savez ! » conclut le médecin.
Ministres aux arrêts pour investigation
La première dame a été invitée à quitter le palais présidentiel le jour du putsch. Libre de ses mouvements à Niamey, elle reste cependant cloîtrée chez elle. Ses enfants n’ont pas été inquiétés et n’affichent pas d’appréhension particulière.
Selon le colonel Abdulkarim Goukoye, patron des services de renseignements de l’armée et porte-parole de la junte, six anciens membres du gouvernement étaient encore aux arrêts le 25 février. Outre le Premier ministre Ali Badié Gamatié, le ministre d’État Albadé Abouba, il s’agissait des ministres des Finances, de l’Équipement, des Mines et du garde des Sceaux. « Pour investigation », assure Abdulkarim Goukoye. Retenus ensemble dans une enceinte militaire, ils pouvaient recevoir leurs proches, regarder la télévision et lire la presse, mais ils avaient été privés de leur téléphone portable. À Niamey, il se dit que les putschistes sont particulièrement remontés contre Gamatié et Abouba pour « leur arrogance passée » envers les militaires.