Jeune Afrique, 14 de Enero- Le directeur de l’hebdomadaire privé camerounais Germinal Jean Bosco Talla, condamné fin décembre à un an de prison avec sursis pour "outrage" au chef de l’Etat, a annoncé jeudi avoir été remis en liberté après avoir payé les frais liés à sa condamnation.
M. Talla avait été condamné à un an avec sursis et trois ans de probation et à payer à l’Etat une amende de trois millions de FCFA (4. 500 euros) et 154. 000 FCFA (234 euros) de frais de justice.
Il avait été reconduit en prison et devait y rester tant qu’il n’avait pas honoré ces dettes.
La somme a été réunie grâce à des prêts contractés auprès des "tontines", des associations d’épargnants, et des "dons d’organisations, d’amis et de bienfaiteurs", a assuré M. Talla, promettant de publier prochainement la liste des contributeurs.
Il s’est dit "serein", indiquant que Germinal allait continuer à être "édité sans changer de ligne éditoriale".
Jean Bosco Talla a été libéré mercredi après avoir fait parvenir à son avocat "l’argent pour payer" les frais qui conditionnaient sa libération, a expliqué pour sa part son défenseur, Me Jean-Marie Nouga.
Le 28 décembre, M. Talla avait été reconnu coupable d’"outrage au président de la République" pour avoir publié dans son journal l’extrait d’un livre évoquant les relations entre l’actuel président camerounais Paul Biya et son prédécesseur Ahmadou Ahidjo.
Au lendemain de sa condamnation, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) avait appelé les autorités camerounaises à "dépénaliser les délits de presse".
Elle avait estimé que la condamnation du journaliste à une peine avec sursis faisait "peser" sur lui "une épée de Damoclès susceptible de le contraindre à l’autocensure".