Tunisie : les ex-cadres du RCD privés d’élection

Les Tunisiens qui ont exercé des responsabilités au sein du RCD, l’ancien parti de Ben Ali, au cours des dix dernières années, ne pourront se présenter aux élections de l’Assemblée constituante, le 24 juillet prochain, selon le Premier ministre Béji Caïd Essebsi.

 

Le Premier ministre tunisien coupe la poire en deux. Pressé par la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution d’exclure de la prochaine élection de l’Assemblée constituante toutes les personnes qui ont exercé des responsabilités au sein du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, ancien parti de Ben Ali aujourd’hui dissous) depuis sa création en 1988, Béji Caïd Essebsi a demandé à ce que cette exclusion soit limitée aux dix dernières années.

 

« Nous avons estimé que vingt-trois ans n’était pas logique. Il y a des responsables du RCD qui ont été réprimés par l’ancien régime », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. L’article 15 du projet de Code électoral de la Constituante devrait donc être amendé en ce sens avant d’être entériné par le gouvernement.

 

Liste nominative

Les membres du cabinet du président déchu ainsi que ses conseillers et ceux qui y travaillaient seront aussi exclus des élections, puisque « partie prenante dans la prise de décision », a ajouté Béji Caïd Essebsi. Afin de lever toute ambigüité, une liste nominative de toutes les personnes qui restent concernées par cette exclusion sera publiée par le président de la République, Fouad Mebazaa.

 

Le Premier ministre ne souhaite en revanche pas revenir sur les dispositions, proposées par la Haute instance, sur la parité hommes-femmes sur les listes électorales. Il a par ailleurs réaffirmé l’intention des membres de son gouvernement provisoire de ne pas se présenter aux élections.

 

Réactions contrastées

Les réactions à la proposition gouvernementale concernant le RCD ont été immédiates et contrastées. Chokri Belaid du Mouvement des patriotes démocrates (MPD) et Abdellatif el-Mekki, membre du Bureau exécutif du parti islamiste Ennahdha, refusent tout net de composer avec des membres de l’ancien parti au pouvoir et laissent planer la menace d’une nouvelle vague de contestation dans la rue.

 

De son côté, Hamma Hammami, dirigeant du Parti ouvrier communiste tunisien (POCT) souhaite que seule la justice puisse se prononcer sur l’éligibilité des anciens dirigeants du RCD, quitte à reporter l’élection de la Constituante. Enfin, Kamel Morjane, Mohamed Jegham et Ahmed Friaa, d’anciens responsables du RCD qui ont fondé de nouveaux partis, préfèrent ne pas se prononcer sur une disposition qui les contraint à rester de simples opposants prendant les dix prochaines années.

 

 

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