RD CONGO – Entre logique de guerre et crise économique : Le pays pris au piège de la double peine

Combats au Nord-Kivu, chute du prix des matières premières, doutes sur la gestion gouvernementale et colère de la population face à la corruption, autant d’ingrédients qui expliquent le tourbillon dans lequel est entraînée la République démocratique du Congo.

Les combats dans le nord-est du pays coïncident avec la crise financière internationale, à laquelle la RDC n’échappe pas. La demande de cobalt et de cuivre est en baisse, les prix s’effondrent et les prévisions de croissance économique du pays pour 2009 ont été revues de 12% à 9%. D’après une Commission gouvernementale chargée d’étudier divers scénarios, la hausse du Pib pourrait être plus faible encore, de l’ordre de 5,7% à 7,4%.

Les doutes planant sur un accord d’investissement de neuf milliards de dollars passé avec la Chine, conjugués à la colère de la population face à la corruption de certains officiers de l’armée gouvernementale, alimentent les frustrations dans un pays qui peine à se reconstruire après la guerre de 1998-2003. «La dynamique est mauvaise pour le Congo. Le cuivre est à la baisse (…) et la crise financière a frappé. Il y a des choses plus graves encore que la guerre dans l’Est», assure un homme d’affaires étranger travaillant dans le secteur minier.

La victoire du Président Joseph Kabila aux élections organisées en 2006, sous l’égide de l’Onu, avait attiré de nombreux investisseurs prêts à injecter des milliards de dollars dans l’industrie minière, en particulier dans la région du Katanga, dans le sud-est. Mais depuis juillet, où il avait atteint son plus haut niveau, le prix du cuivre s’est effondré de 60% en raison d’une baisse de la demande.

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Une quarantaine de mines et d’usines de traitement, qui nourrissent des milliers de personnes, ont interrompu leurs activités, a fait savoir récemment le gouvernement. Même les plus fervents supporters de la cause congolaise sont forcés d’admettre que la guerre et la crise économique infligent «une double peine» à la Rdc.

La confiance des investisseurs a aussi été altérée par le processus de révision des contrats miniers lancé l’an dernier avec pour objectif d’accroître les parts de l’Etat. Censé durer six mois, il n’est toujours pas achevé un an et demi plus tard. D’après un membre de la Fédération des entreprises congolaises (Fec), de nombreuses sociétés se plaignent, par ailleurs, du harcèlement fiscal du gouvernement, désespérément à la recherche de ressources.
Bien que les mines de cuivre soient éloignées géographiquement du Nord-Kivu, le général rebelle Laurent Nkunda, qui entend «libérer» tous les Congolais, a ajouté à ses exigences la renégociation de l’accord d’investissement de neuf milliards de dollars passé avec la Chine. En vertu de cet accord, la Chine a accès à des mines et accorde en retour des prêts à la RDC pour le développement de cinq projets d’infrastructures stratégiques.

D’après des analystes, Laurent Nkunda tente de donner une autre envergure à son mouvement en incluant l’accord avec la Chine dans l’équation. Il essaie aussi de profiter du mécontentement grandissant de la population face au manque de progrès dans les projets d’infrastructures. «La crise est une alliée de Nkunda car la marge de manœuvre de Kabila est très étroite. Kabila perd la face dans l’Est et les cinq projets n’avancent pas», estime un diplomate. Selon le responsable de la Fec, un premier investissement chinois de 350 millions de dollars a été retardé en raison de querelles judiciaires. Des détails de l’accord auraient aussi été revus en raison des craintes de la Chine sur la baisse des prix du cuivre et des doutes du Fmi sur la viabilité de la dette. Certains économistes mettent désormais en garde contre le risque d’inflation, alors que les dépenses militaires augmentent pour faire face au conflit dans l’Est.

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