Pro-Gbagbo et pro-Ouattara, tous responsables de crimes en Côte d’Ivoire

Amnesty International a recueilli les témoignages de nombreuses victimes de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire. Les deux camps se sont rendus coupables de crimes en violation du droit international.
« Ils ont regardé sa carte d’identité et l’ont abattu. » Amnesty International vient de rendre mercredi 25 mai un rapport de 84 pages sous ce titre sans appel. L’organisation y conclut clairement que « toutes les parties au conflit ont commis des crimes au regard du droit international, y compris des crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ».
Trois mille personnes tuées, un million de déplacés … tout au long du rapport s’égrènent les témoignages de ces victimes traumatisées par six mois de violences postélectorales, qui ont débuté avec le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à l’élection présidentielle de novembre dernier.
Inaction de l’Onuci
Les victimes ou témoins de massacres, de viols et de chasses à l’homme racontent l’absence de protection et de sécurité. Le rapport fait état de très graves violations et atteintes aux droits humains commises par les FRCI pro-Ouattara, notamment contre des groupes ethniques considérés comme partisans de Laurent Gbagbo. L’organisation évoque le meurtre de centaines d’hommes à Duékoué, en particulier fin mars. Avant de les tuer, les miliciens ont demandé à leurs victimes de donner leur nom et de montrer leur carte d’identité. Certaines de ces cartes d’identité ont été trouvées à côté des corps.
Amnesty critique l’inaction de la Mission des Nations unies dans le pays (Onuci), basée à seulement un kilomètre du principal lieu des tueries commises à Duékoué.
Depuis décembre 2010, les forces et les milices fidèles à Laurent Gbagbo se sont également rendues responsables de nombreux crimes et violations. Amnesty évoque le cas de personnes brûlées vives parce qu’elles étaient musulmanes et revient sur le bombardement fin février du quartier populaire d’Abobo à Abidjan, contrôlé par les pro-Ouattara. Elle dénonce aussi l’exode massif qui en a découlé, la population partant se réfugier ailleurs en Côte d’Ivoire ou dans les pays voisins, comme au Liberia.
Réconciliation sous conditions
« Au moment où ce document est finalisé […] la situation demeurait volatile, écrit Amnesty, notamment dans l’ouest du pays où des milliers de personnes, partisans avérés ou supposés de Laurent Gbagbo, continuaient d’être l’objet de harcèlement. »
Amnesty encourage la justice à enquêter et à juger les responsables, estimant que sans cela, les appels du nouveau président Alassane Ouattara à la réconciliation risquent de déboucher sur un compromis instable, augurant de violences et de vengeances futures.
Alassane Ouattara a promis de mettre en place une commission Dialogue, Vérité et Réconciliation et a demandé à la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêter sur les massacres. La justice nationale, quant à elle, enquête sur les crimes, exactions et appels à la haine commis par l’ancien régime.

 

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