Nigeria: des élections teintées d’or noir

L’apaisement du climat dans le Delta du Niger –la principale région pétrolifère du pays théâtre de violences ces dernières années– pourrait permettre de relancer la production et compenser sur le marché les conséquences de la crise libyenne.

Mais les grandes compagnies pétrolières présentes au Nigeria –dont Shell, ExxonMobil, Chevron et Total– veulent plus de visibilité et de transparence sur les conditions financières qui leur seront faites dans la nouvelle loi promise depuis un an par le président Goodluck Jonathan, candidat à sa propre succession.

Les élections pourraient avoir d’importantes conséquences sur le secteur clé du premier producteur de pétrole du continent africain, qui tire de l’or noir plus de 90% de ses devises et les deux tiers des recettes de l’Etat.

Samedi auront lieu les élections législatives dans le pays le plus peuplé d’Afrique. La présidentielle aura lieu une semaine plus tard, le 9 avril, suivie le 16 avril par les élections des gouverneurs et des assemblées des 36 Etats de la fédération.

Le président Goodluck Jonathan, grand favori de la présidentielle, a promis d’accélérer l’adoption d’une nouvelle loi pétrolière, dans l’espoir que les majors du secteur investissent dans de nouveaux projets. Il s’est engagé à ce que cette refonte soit approuvée avant la fin de son mandat fin mai, mais le temps presse.

"Si la loi passe, elle changera fondamentalement l’industrie du pétrole", pense Kayode Akindele, du cabinet Greengate Strategic Partners financial advisers.

La restructuration vise à augmenter les revenus du gouvernement tirés des projets offshore, très rentables, et de réformer la compagnie nationale, réputée pour être gangrenée par la corruption.

Selon certains observateurs, l’adoption de la loi par le Parlement sortant, où de nombreux députés ne briguent pas un nouveau mandat, pourrait être plus facile qu’avec un Parlement fraîchement élu, qui pourrait vouloir revoir la copie.

La loi "entrera en vigueur avant la fin de l’administration (Jonathan, le 29 mai)", a assuré récemment le ministre du Pétrole Diezani Alison-Madueke.

Le gouvernement est aussi préoccupé par le manque à gagner à un moment où le cours de l’or noir atteint de nouveaux sommets en raison d’un climat géopolitique incertain et des craintes d’une chute de la production liée aux événements de Libye.

Le Nigeria et la Libye extraient du pétrole de haute qualité –le sweet crude– très recherché pour la production de carburant.

Si le Nigeria n’a pas reçu de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) le feu vert pour accroître sa production, les analystes pensent que le pays pourrait la relever de 300. 000 à 400. 000 b/j à court terme, grâce à des prospections dans des champs inutilisés.

Malgré le retard dans la réforme, le Nigeria a vu sa production remonter à 2,40 millions de b/j, après l’amnistie offerte aux groupes armés du Delta en 2009 qui a permis de faire reculer la violence dans cette région.

Ces groupes armés, qui disent agir pour une plus juste répartition de la manne pétrolière en faveur des populations locales misérables, ont mené ces dernières années de nombreux attentats contre les infrastructures pétrolières et multiplié les enlèvements d’employés du secteur.

Des observateurs relèvent le risque d’un regain des violences pendant et après les élections.

"Il y a aura des poches de violences", juge Victor Ndukauba, d’Afrinwest advisers. "Cependant nous ne pensons pas que ce sera très grave", ajoute l’analyste.

D’autres estiment que l’accalmie ne durera pas, les racines de la contestation –le chômage et la pauvreté– menaçant de nourrir la violence.

 

www.jeuneafrique.com/actu/20110401T123017Z20110401T123012Z/nigeria-des-elections-teintees-d-or-noir.html

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