Les frontières de la discorde

Jeune Afrique, 29 de Marzo- Plus de 500 milliards de dollars sur dix à vingt ans. Voire 600 milliards avec un baril à 80 dollars. C’est le trésor colossal d’or noir – évalué à 7 milliards de barils – enfoui dans le sous-sol africain et que se disputent plusieurs États. Ces gisements de la discorde s’étalent sous 175 km de frontières terrestres, sans compter les limites maritimes, aux contours flous et contestés. Et ce n’est pas fini. La volonté de diversification des sources d’approvisionnement engagée par les Occidentaux et les Asiatiques depuis 2001 a ravivé l’intérêt pour d’anciens champs pétroliers africains négligés. Avec la région des Grands Lacs, le golfe de Guinée est devenu l’un des terrains d’affrontement majeurs pour la conquête et la répartition de ces nouveaux marchés. Demain, sans doute, l’océan Indien, dans un triangle dessiné entre les Comores, Madagascar et le Mozambique, sera une autre zone de turbulences. « Cela répond à la volonté légitime des États africains, favorablement repositionnés sur la cartographie pétrolière mondiale, d’exploiter au mieux ces ressources », note Victor Stéphane Essaga, représentant de l’Association internationale des négociateurs pétroliers [AIPN] pour dix pays africains.
Le dernier litige en date oppose Abid­jan et Accra à propos de gisements situés sur la frontière mouvante tracée entre les deux pays. « Il n’y aura pas de guerre du pétrole », a désamorcé Augustin Kouadio Komoé, le ministre ivoirien des Mines et de l’Énergie, le 10 mars. En mai 2009, les deux pays ont saisi, comme sept autres États africains, la Commission des Nations unies pour bénéficier d’une extension de leurs zones de prospection maritime.

Toutefois, l’issue des litiges n’est jamais garantie. São Tomé s’est entendu avec le Nigeria pour exploiter des réserves « communes ». Après quinze ans de tensions, la Tunisie et la Libye exploiteront finalement ensemble à partir de septembre un gisement sur leur frontière commune. Mais le Gabon et la Guinée équatoriale se disputent depuis 1972 l’île Mbanié sans même avoir la certitude qu’elle recèle du pétrole. Cette année, les deux pays feront appel à l’arbitrage de la Cour de justice internationale de La Haye. Mais entre des frontières mal dessinées et des rêves de puissance pétrolière, à l’image de l’Ouganda, nouveau roi du pétrole africain, les États n’ont pas fini de s’étriper au fil des fluctuations du prix du baril. Enquête sur cinq conflits clés.

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