La justice se penche sur le cas Tandja

Jeune Afrique, 29 de Julio- Depuis que les proches de Mamadou Tandja ont pris l’initiative de porter plainte contre l’État nigérien devant l’organe de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le cas de l’ancien président du Niger revient sur le devant de la scène.

Sa famille s’insurge du maintien en « détention arbitraire » de Tandja, cinq mois après le coup d’Etat qui l’a renversé. Saisie, la Cedeao a prévu une audience, lors de laquelle les avocats de l’ex-président rencontreront les défenseurs de l’État, le 3 août prochain. Mais le principal intéressé ne l’entend pas de cette oreille. Tandja a aussitôt adressé un courrier au président de la Cour de justice de la Cedeao, comme l’a révélé RFI*.

Dans sa lettre, datée du 22 juillet, il demande expressément à la Cour d’ignorer la requête de sa famille. « Je viens d’apprendre avec surprise et étonnement la saisine des instances de la Cedeao (…) je prie donc votre juridiction [de] ne tenir compte d’aucune plainte déposée à mon nom », écrit Tandja, qui réfute tout agissement d’un tiers en faveur de sa libération. Trop tard, selon la Cedeao, qui a nié avoir reçu un quelconque courrier et a ainsi donné suite à l’action lancée par son entourage.

Rester discret

Mais c’est une seconde lettre qui a fait le plus de bruit. Le 22 juillet toujours, le « reclus de la Villa verte » (du nom de la villa de luxe où il est placé en résidence surveillée depuis le 18 février dernier) adresse une « demande de clémence » au Conseil suprême de restauration de la démocratie (CSRD), la junte qui l’a évincé. Il plaide pour l’indulgence de Salou Djibo à son égard concernant la plainte déposée par son clan, dont il se désolidarise encore une fois. « Je m’engage à contacter ma famille, écrit-il, afin que cette procédure soit arrêtée au niveau des instances de la Cedeao. »

Assurant qu’il est « bien traité » dans les conditions actuelles de sa détention, Tandja réclame même à la junte son maintien dans la Villa verte. Il avait d’ailleurs affirmé à plusieurs ONG, autorisées à le visiter au mois de juin dernier, « bien se porter » et vivre « dans des conditions satisfaisantes ».

Surtout, et c’est sans doute l’objet réel de sa lettre, Mamadou Tandja demande au CSRD de lui épargner un procès. « Compte tenu de mon état de santé qui nécessite un suivi régulier en milieu spécialisé, je vous prie de bien vouloir reconsidérer votre décision de me mettre à la disposition de la justice », implore-t-il. A-t-il reçu la visite d’avocats ? Toujours est-il que la menace de la junte de le traduire en justice se précise. Ce qui explique peut-être sa volonté de rester discret tant que son sort n’est pas scellé.

Grand ménage

Avant de rendre le pouvoir, les militaires à la tête du gouvernement de transition ont promis aux Nigériens de « faire le ménage ». Évoquant un possible « procès Tandja », ils ne sont cependant pas tous d’accord sur ce point. S’il est jugé, l’ancien président devra répondre de ses actes remontant à l’époque où il a tenté de se maintenir au pouvoir au mépris de la Constitution et de l’expiration de son ultime mandat.

À la dérive autocratique, la Cour pourra ajouter les soupçons de malversations révélées par une commission anti-corruption installée par la junte. En attendant ce possible procès politico-économique, le CSRD s’est déjà attelé à purger le sommet de l’État et à assainir la gestion des affaires publiques. D’anciens proches de Mamadou Tandja ont été interpellés en mars dernier, puis son fils a été condamné à de la prison ferme pour des faits avérés de corruption.

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