Côte d’Ivoire : Ouattara liste ses chantiers prioritaires avant son investiture le 21 mai

Avant de pouvoir gouverner selon ses promesses de campagne, Alassane Ouattara devra d’abord reconstruire et ramener la paix dans une Côte d’Ivoire dévastée par près de cinq mois de violences postélectorales.

 

Pour remettre sur pied son pays ébranlé par des mois de crise politique, le président ivoirien a du pain sur la planche, et il le sait. « Reconstruire, ce n’est pas le plus dur […] Mais obtenir la paix et la réconciliation après ce que nous avons vécu depuis des années, c’est bien plus compliqué », a-t-il déclaré au quotidien français La Croix, jeudi 28 avril.

 

Et en signe de bonne volonté, Alassane Ouattara, dont l’investiture est prévue le 21 mai prochain, a affirmé avoir voulu préserver la sécurité du couple Gbagbo en le plaçant en résidence surveillée dans le nord du pays. « À l’hôtel du Golf, nous n’étions pas à l’abri d’un assassinat », dit-il, promettant qu’il veille au bon traitement des Gbagbo, dans l’attente de leur jugement.

 

Commission Vérité et Réconciliation

Alassane Ouattara explique au journal français qu’il prévoit tout d’abord de mettre sur pied une Commission Vérité et Réconciliation « à l’image de ce qui a été fait en Afrique du Sud » et qui sera dirigée par un collège de trois personnes, dont deux religieux : un musulman et un chrétien. En parallèle, un gouvernement dit d’union nationale devrait être nommé dans le courant du mois de mai. Il pourrait y intégrer des ministres du parti de son ancien rival Laurent Gbagbo, le FPI « à la condition qu’ils me reconnaissent comme président… ce qui n’est pas encore le cas », prévient le président.

 

Autre priorité : la remise au travail des Ivoiriens, à commencer par les administrations, à l’arrêt depuis plusieurs semaines. Alassane Ouattara se donne trois mois pour parvenir à un retour à la normale.

 

Ramener la sécurité en deux mois

Pour le président ivoirien, l’essentiel est de ramener la concorde entre les Ivoiriens. Selon lui la situation, bien que préoccupante, ne doit pas être dramatisée ni assimilée à une guerre civile. « Nous n’avons pas vécu à proprement parler une guerre civile […] Depuis le 2 avril, nous avons ramassé 900 cadavres dans les rues. Une guerre civile aurait coûté des centaines de milliers de vies », estime-t-il, rappelant que les violences ont fait, en tout, près de 3 000 victimes depuis la fin du mois de novembre.

 

Quant à la sécurité du pays, il estime qu’en deux mois elle pourrait être totalement revenue, affirmant que la situation s’est déjà considérablement améliorée, même s’il reste encore à mettre un coup d’arrêt au racket et à sécuriser les frontières du pays.

 

Une équipe d’observateurs en tournée à travers la Côte d’Ivoire est chargée de rencontrer la population traumatisée par les combats et les violences de ces derniers mois, en particulier à Duékoué, dans l’Ouest.

 

Alassane Ouattara se dit néanmoins « très inquiet » pour les deux Français enlevés au Novotel d’Abidjan. « J’ai demandé à ce que les responsables militaires arrêtés soient interrogés. Cela n’a encore rien donné », a-t-il déclaré. Le 4 avril dernier, le directeur de l’hôtel et un chef d’entreprise, tous deux français, avaient été kidnappés en compagnie d’un Malaisien et d’un Béninois.

 

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