Au Festival des arts nègres, à Dakar, la «renaissance africaine» en débat

Jeune Afrique, 28 de Diciembre-  Aucun participant au festival (du 10 au 31 décembre) ne pouvait ignorer cette problématique – "La longue marche, de l’esclavage à la renaissance africaine" – qui s’affichait jusque sur les grilles du palais présidentiel.

Pour l’illustrer, cinq visages de dirigeants noirs avaient été placés sur l’affiche: ceux de Martin Luther King, Nelson Mandela, Thabo Mbeki, Barack Obama et, enfin, celui d’Abdoulaye Wade. . . , le président sénégalais.

L’opposition et la presse privée sénégalaises ont crié à la "récupération politique" d’un festival international dédié à la culture, le président Wade étant candidat pour un troisième mandat l’an prochain. Mais ce thème imposé s’est placé au centre de plusieurs débats.

Il faut "nous désaliéner", a ainsi lancé Théophile Obenga. "La renaissance africaine implique une rupture radicale: rupture dans la méthode de travailler, rupture dans les comportements mais aussi et surtout rupture dans les relations avec autrui", a-t-il dit, cité par le journal Le Soleil.

"L?Occident est dans le déclin à cause de la démographie et de l?inflation. L?arrogance, l?omnipotence de l?Europe, c?est fini", a ajouté l’historien, selon l’Agence de presse sénégalaise (APS). "La Chine va changer les données du monde. L?Afrique doit ouvrir les yeux. La seule solution que je propose, c?est d?être patriotique, de travailler pour son pays".

L’historien sénégalais Iba Der Thiam, proche du président Wade, a insisté sur l’idée qu’"un sort injuste est fait à l’Afrique dans la gouvernance mondiale". "Nous devons trouver notre place aux Nations unies, au niveau des institutions de Bretton Woods, nous devons avoir une place au niveau du G20, au niveau du G8!", a-t-il dit, au cours d’une cérémonie organisée le 14 décembre au pied de l’immense statue de la Renaissance africaine, en présence de quelques chefs d’Etats africains invités, dont le Libyen Mouammar Kadhafi.

Au cours de débats, l’astrophysicien camerounais Jean-Paul Mbelek, a de son côté expliqué que "la renaissance africaine n’est pas une idéologie. C’est une tendance historique entamée au 17e siècle avec les premières luttes contre l’esclavage".

Cette tendance, a-t-il expliqué, "a pris de la force avec notamment les mouvements panafricanistes, les luttes des Africains-Américains et l’apport de (l’ancien dirigeant ghanéen) Kwame Nkrumah (1909-1972) et (de l’historien égyptologue sénégalais) Cheikh Anta Diop" (1923-1986), deux chantres du panafricanisme.

Mais M. Mbelek voit "deux obstacles" à cette renaissance et à l’unité africaines: "Le premier est lié aux chefs d’Etat africains qui sont jaloux de leur pouvoir. Le deuxième est lié aux Occidentaux qui ont intérêt à une Afrique balkanisée et aux pays émergents qui pourraient considérer l’Afrique comme une proie".

Quid de la démocratie ? "Il n’y avait pas de démocratie en Europe au moment de la Renaissance" entamée après le Moyen-Age. "La renaissance (africaine) peut se faire sans démocratie, qui viendra plus tard", soutient M. Mbelek.

Pour l’économiste égyptien Samir Amin, en tout cas, "la renaissance africaine est bel et bien en marche". "Il n’y a aucune raison de désespérer de l’Afrique", dit-il, "convaincu" que le monde de demain sera équilibré et que le continent africain y jouera un rôle important.

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