Alpha Condé, l’opposant à tous les régimes en Guinée

Jeune Afrique, 3 de Diciembre- Svelte, boitant légèrement, vêtu le plus souvent d’une chemise saharienne, Alpha Condé a le sens de la formule mais communique peu avec la presse.

S’ils reconnaissent son charisme et son intelligence, certains de ses proches et tous ses adversaires le décrivent comme un homme autoritaire et impulsif, qui écoute peu, agit le plus souvent seul.

Après 52 ans de dictatures, ses électeurs l’ont souvent décrit comme "un homme neuf" n’ayant jamais eu l’occasion de participer au "pillage" du pays.

Né le 4 mars 1938 à Boké, en Basse-Guinée, Alpha Condé est issu de l’ethnie malinké, majoritairement installée en Haute-Guinée (est). Il part dès l’âge de 15 ans en France. C’est dans un lycée parisien qu’il se lie d’amitié avec Bernard Kouchner (actuel ministre français des Affaires étrangères), avant d’intégrer Science-Po, selon sa biographie.

Devenu "docteur en droit public", il enseigne à la prestigieuse université parisienne de la Sorbonne. Parallèlement, il milite au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) qu’il dirigera à partir de 1964.

Dans sa biographie, il raconte avoir d’abord soutenu le "révolutionnaire" Ahmed Sékou Touré, premier président de la Guinée indépendante de la France en 1958. "Nous avions, comme la plupart des étudiants du monde entier, une lecture marxiste de l’histoire", dit-il.

Mais, dans les années 60, il dénonce la concentration du pouvoir entre les mains d’un homme et d’un clan. Sékou Touré le condamne à mort par contumace en 1970.

Condé dirige ensuite la filiale africaine d’une entreprise française de commerce de sucre, tout en militant contre le régime. Après un exil d’une trentaine d’années, il rentre au pays en 1991, sept ans après la mort de Sékou Touré.

Au dictateur a succédé un caporal autoritaire, Lansana Conté qui a dû accepter une timide démocratisation permettant à Condé de se présenter à la présidentielle en 1993, puis en 1998.

Ces scrutins ne sont ni libres ni transparents mais Alpha Condé est officiellement crédité de 27% et 18% des voix.

Le fondateur du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) fait peur à Lansana Conté qui le fait arrêter juste après la présidentielle de 1998, avant même la proclamation des résultats. Celui que le pouvoir décrit comme "un affreux gauchiste" est condamné en 2000 à cinq ans de prison pour "atteintes à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national".

Il purgera en partie sa peine: sous la pression internationale, il est "gracié" en 2001.

A sa sortie de prison, il assure que son "modèle" est Nelson Mandela, ancien prisonnier devenu en 1994 le premier président noir d’Afrique du Sud. "Il faut faire comme lui, pardonner mais ne pas oublier", dit-il alors.

En 2003, il boycotte la présidentielle, comme les autres candidats des grands partis d’opposition, et Conté est réélu avec 95,6% des voix dès le premier tour.

Après la mort de Conté et la prise du pouvoir par une junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara, fin 2008, Alpha Condé réclame des élections et reste dans l’opposition.

Il est en visite à New York quand l’armée réprime dans le sang un rassemblement de l’opposition à Conakry, le 28 septembre 2008, tuant 157 civils. Condé est alors l’un des premiers opposants à fustiger le "pouvoir criminel" et à dénoncer la responsabilité du chef de la junte dans le massacre.

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